
Est-ce nécessaire de planifier un projet qui change tout le temps ?
Lors d'une formation en gestion de projet, un client m'a dit un jour :
« Moi, les plannings, je les fais à la fin, au moins je suis sûr qu'ils ne bougent pas. »
Cette remarque, bien qu'amusante, soulève une question importante et fréquente dans la gestion de projet : Est-il inutile de planifier parce que, de toute façon, les projets changent constamment ? Ou, au contraire, est-ce justement nécessaire de planifier parce que le projet change tout le temps ?
Est-ce inutile de planifier parce que le projet change tout le temps ?
Pour beaucoup, l'idée de faire un planning en début de projet semble contre-productive. En effet, dans des environnements incertains, les imprévus sont nombreux, et le planning devient rapidement obsolète. Cela peut amener certains à se demander si le temps investi dans la planification vaut réellement la peine, surtout si le plan devient faux très vite. Pour eux, le coût de la planification est élevé, et les résultats obtenus semblent inutiles une fois que les premières déviations apparaissent.
Mais cette perception est souvent liée à une vision limitée du planning. Les partisans de l'abstention de la planification voient souvent le planning comme un simple reporting de ce qui a été fait, une sorte de "photo" statique de la situation. À titre d'exemple, lire un article d'actualité vieux de quelques mois n'a plus grand intérêt : la situation a évolué, et une nouvelle actualité a pris sa place. Le planning, selon cette vision, perd sa pertinence dès qu'un changement survient.
Est-ce justement nécessaire de planifier car le projet change tout le temps ?
En réalité, c'est précisément parce que les projets sont en perpétuelle évolution qu'il est nécessaire de planifier. Le planning n'est pas une image figée, mais plutôt une boussole qui guide l'équipe tout au long du voyage. Ce qui fait la force d'un bon planning, ce n'est pas sa rigidité, mais sa capacité à s'adapter aux réalités du terrain.
Pour ceux qui comprennent l'importance du planning, celui-ci est avant tout un instrument de prise de décision et d'anticipation, orienté vers l'avenir. Le planning est dynamique, il vit et évolue avec le projet. Contrairement à une simple "photo" du passé, il permet d'anticiper les déviations, de garder des marges de manœuvre et de piloter l'avancement du projet de manière proactive. La valeur ajoutée du planning réside dans sa capacité à éclairer le chemin à suivre, à aider à gérer les risques, et à prendre des décisions avant que les problèmes ne deviennent ingérables.
Vers une approche pragmatique de la planification
Si cette question se pose, c'est aussi parce qu'on est toujours en train d'arbitrer le temps que l'on consacre à faire les choses par rapport à leur utilité. Dans un monde où l'on est très occupé, il est compréhensible de voir la planification comme un exercice coûteux. Cependant, il est tout à fait possible d'adapter la méthodologie de planification de manière pragmatique. Plutôt que de se lancer dans une planification complexe et rigide, il est préférable d’opter pour une planification plus légère, mais efficace.
Le véritable enjeu est de trouver un juste équilibre entre le temps consacré à planifier et la valeur ajoutée de cette planification. Même si le plan va évoluer, il est préférable de passer un peu de temps à le créer et à le piloter plutôt que de risquer d'aboutir à une impasse, sans avoir vu les difficultés venir.
Conclusion : Le coût de ne pas planifier est souvent plus élevé
Au final, la question n'est pas de savoir si la planification est inutile parce que le projet change tout le temps, mais plutôt de reconnaître que la planification est nécessaire justement parce que le projet change tout le temps. En adoptant une approche flexible et adaptée, on peut tirer profit de la planification tout en évitant la lourdeur. Il vaut mieux dépenser un peu de temps à anticiper et piloter les changements que de laisser le projet dériver sans contrôle.
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